Un homme marche seul.
Ses pas résonnent sur le marbre froid.
Autour de lui ?
Du vide rempli de la profondeur de la nuit.
Quelques lampadaires, des étoiles, ce sont les seules sources de lumières.
Et ses yeux.
Son regard perce la nuit, imperceptible d'elle-même.
Il sonde.
La route de pierre se dessine devant lui.
Un pas, un autre.
Un lampadaire, un autre.
Il s'enfonce, toujours plus loin.

Il ne s'arrête pas
Son pas mécanique.
Régulier.
Il n'est concentré que sur un objectif.
Simple.
Celui d'aller tout droit.
Il ne prête pas attention à ce qui pourrait se passer autour de lui.
Il avance toujours plus loin.
Ne devrait-il pas ?
Peut-être.
Mais c'est plus les alentours qui sont impressionnés.
Impressionné par son impassibilité.
Sa dureté.
Son pas.
Tel une automate.
Il s'en va.
Toujours plus loin

Il continu.
Le reste n'a pas d'importance pour lui.
Le tout, le rien, le temps n'existe pas à ces yeux.
Peut-être que plus tard ces éléments reprendront sens pour lui.
Mais pour l'instant il n'y fait pas attention.
Imperturbable.
Ce sont les éléments qui le regardent.

Ils sont impressionnés.
Jamais quelqu'un ne les avait autant ignorés.
Aussi longtemps.
Cet homme seul intrigue.
Car il ne suis personne - si ce n'est un chemin.
Un chemin de marbre pure,
Surement tracé il y a des siècles.
Mais pas réemprunté depuis.
Alors il avance.
Il marche.
Il suit.
Il est droit, regard perçant.
Il semble concentré,
Aussi.
Concentré sur quelque chose que personne ne peut savoir.
Sauf lui.
Et le temps ?
Même pas.
Le temps n'est qu'un simple spectateur pour cette fois.
Enfin.
Alors l'homme marche.
Peut-être que son esprit n'est plus là.
Il serait loin de ce cheminement obscure.

Mais tout d'un coup,
Les pas accélèrent.
Le rythme de ces derniers se dérèglent.
Ils vont de plus en plus vite.
Le tempo s'éparpille.
La décadence dans ses yeux se fait sentir.
Pourtant son regard reste de droit.
Il garde son cap, malgré l'accélération soudaine des éléments.
Son esprit revient.
Il reprend conscience de sa situation.
Il est poursuivi.
Poursuivit par la réalité, le tout, le rien, le temps, ils reviennent.
L'homme ne marche plus.
Il court.
Son souffle dérape.
Son regard se tourne.
Il jette un coup d'œil derrière lui, reprenant conscience de l'existence du reste.
Il aperçoit de grandes formes sombres.
Imperceptiblement, elles se rapprochent.
Il se sent perdre ses forces.
Les éléments le rattrapent.
Enfin.

Ils reprennent leur droit.
La course effrénée prend fin.

Quelle tristesse pour cet homme
Il avait réussi à s'évader.
Mais il s'est fait rattraper par Solitude.
Il trébuche.
Il tombe.
Son regard vacille.
Ses yeux s'agrandissent face à la réalité.
Alors il s'écroule.
Il roule sur le côté.
Passe au-delà le chemin de pierre froide.
S'enfonçant, ne pouvant plus lutter, vers une nuit obscure.
Il se donne à cette fatalité.
Aucun homme ne peut lutter contre elle.
Alors il accepte son contrat.
Il accepte cette fatalité
Cette...
Mortel Fatalité.